Vendredi 30 mai, un départ à l’aube nous conduit en Loire Atlantique au cœur du village de Saillé, poumon des marais salants du pays de Guérande. Nous entrons dans la Maison des Paludiers. Une projection originale sur maquette nous permet de visualiser la formation et la morphologie des marais salants.
La genèse des marais salants guérandais pose encore aux historiens et aux archéologues de nombreuses questions. Et les avis restent partagés sur la date et les conditions d’apparition de cette technique d’extraction de sel marin.
- De la période antique en passant par l’aire gallo-romaine, les marais salants ont vu leur technique évolué. Le passage des bouilleurs de sel (lessivage du sable) gaulois à la technique solaire des marais salants a souvent été expliqué par un transfert de technologie de la Méditerranée vers les rivages océaniques.
- Du 10ème au 13ème siècles, les salines appartiennent aux puissants de l’aristocratie qui stimulent la consommation de sel et déterminent ainsi l’expansion de la saliculture.
- Du 16ème et 18ème siècle, la pêche à la morue et le marché nord-européen sont au cœur de la dynamique.
- De 1790 à 1860 l’expansion salicole se poursuit mais de façon limitée, car les espaces laissés disponibles par les entrepreneurs de la fin de l’Ancien Régime et la décade révolutionnaire, sont restreints et surtout peu viables.
- A ce jour, le pays de Guérande compte environ 1850 hectares de marais salants.
Près de 30 paludiers, dont une quarantaine de femmes, y exercent l’art de la paluderie. On estime que 120 à 150 d’entre eux ne vivraient que du sel. Le Cap Sizun a eu son Plogoff, les marais salants de Guérande auraient pu mourir à petit feu à cause d’un projet de rocade qui les aurait traversés. Ce long combat fut mené dans les années 1970 par les paludiers et de jeunes militants soucieux de défendre un métier et un environnement uniques.
Nous poursuivons notre visite en immersion à travers l’exploration du village paludier et des salines. Nous déambulons dans les rues de Saillé à l’architecture si caractéristique.
Nous pénétrons dans les salines pour comprendre la récolte du sel et le savoir-faire des paludiers en suivant le cheminement de l’eau de bassin en bassin. Mes compétences en chimie ne me permettent pas de vous présenter ce savoir-faire. Je retiens simplement l’exigence de ce métier rigoureux.
Outre l’or blanc, les marais salants recèlent de trésors parfois insoupçonnés. Le Maceron appelé aussi le « poivre des marais » dont les graines comestibles peuvent se substituer au poivre et qui développent des notes poivrées et boisées, subtilement truffées. On y trouve également l’incontournable salicorne.
Nous pouvons également côtoyer une multitude d’oiseaux dont l’avocette en période de nidification.
L’auberge « Les Calèches Brieronnes » nous accorde un moment de fraîcheur dans cette journée où le thermomètre dépasse les 35°c. L’activité « Danse bretonne » du Magnolia engage une danse chantée de circonstance « Le bal des paludiers » entraînée par notre amie Marie-Paule.
Nous reprenons la route, plutôt le chaland, pour une balade dans le Parc Naturel de la Brière en immersion dans ce paysage préservé. Visite insolite, paysage mystérieux, ambiance secrète, nature intacte et protégée dans un milieu mi-aquatique, mi-terrestre, voici résumé ce début d’après-midi favorable à une digestion douce.
Pour terminer cette journée au pays de la Brière, l’incontournable petit village aux toits de chaume de Kerhinet. Petit hameau briéron reconstruit selon la tradition accueille dans ses chaumières de nombreux artisans aux talents multiples.
Il nous reste à remercier l’équipe de la commission « Événementiel » du Magnolia composée de Isabelle, José, Marité et Jean-Jacques.
Je remercie l’ensemble du groupe pour sa bonne humeur qui nous a tenus éveillé sur le chemin du retour.
Guy Yan (texte)
Herveline Monfort et Guy Yan (photos)
France Triffault pour la mise en page